Ecole de Beaurecueil
LE TRAVAIL DE CULTIVATEUR

Q - Aviez-vous des vignes ?
R - Oui, oui, on avait des vignes... On faisait nos vins, on le vendait comme ça : ou à des particuliers, ou... enfin pas pour les "coopés".

Q - Est-ce que votre métier était dur ?
R - Ah oui, oui. Ah ! C'était un peu dur... C'est un entraînement !
Q - Pourquoi c'était dur ?
R - L'été il faisait chaud : c'était pénible pour les chevaux...

La ventarelle
Le rouleau
Q - Vous travailliez dans les champs de quelle heure à quelle heure ?
R - Ah ! L'été on travaillait plus que l'hiver... on faisait de grosses journées : 10 - 11 heures l'été. On commençait à 5 heures 30, on allait déjeuner à 7 heures 30, on restait une heure, et puis on faisait tirer jusqu'à 11 heures, 11 heures 30, 12 heures, par là. Et puis l'après-midi, on commençait à 14 H 00... 15 H 00, on s'arrêtait un peu pour goûter aussi... pour se reposer, pour se désaltérer : on buvait un coup aussi... parce qu'on travaillait beaucoup aussi. Et si on travaille dur, qu'on boit beaucoup : ça vous coupe les jambes ! Faut manger à mesure... en été ça nous fortifiait un peu...
Q - Quand arrêtiez-vous, au soleil couchant ?
R - Oh... plus... l'été plus.
Q - Que faisiez-vous dans les champs ?
R - Dans les champs ? On faisait des melons, des ails, du blé, l'orge... Quand on faisait les melons, l'année d'après on faisait du blé.
Q - Et les artichauts ?
R - Pas trop... On a fait les artichauts quand il y a eu l'eau, autrement on faisait pas les artichauts.
AP - Comment travailliez-vous la terre ?
RG - Comment on travaillait la terre ? Avec des chevaux : on semait ; on n'en faisait pas beaucoup à la fois ; on n'allait pas aussi vite que le tracteur.
Pressoir
AP - Combien de chevaux aviez-vous chez vous ?
RG - On en avait deux. Bien plus tard, on a acheté un tracteur, et on n'a plus gardé qu'un cheval. Je vous l'ai déjà dit, j'ai été le dernier paysan à avoir un cheval, et mon pauvre père a acheté le premier tracteur dans Beaurecueil, en 1921 ou 1922; j'ai été le dernier à avoir un cheval de trait. Maintenant, il y a le Poney Club. C'était un cheval breton. Le dernier que j'ai eu était un mulet ; ils sont durs, les mulets ! Ils sont têtus, mais ils ont du mal à se fatiguer; ils résistent à la chaleur. Dans le temps, avec un cheval, on pouvait travailler jusqu'à dix hectares de terre. Maintenant, il y a les tracteurs, car il faut aller vite
Q - Les chevaux : est-ce qu'ils vous servaient beaucoup ? R - Ah, oui, oui, dans le temps, je comprends qu'on s'en servait beaucoup... beaucoup. Maintenant y'en a plus... Q - A quoi ils servaient ? R - Ils servaient à biner les melons, à biner les ails, à semer, à fumer (y'avait pas le tracteur, on le remplaçait avec 6... 7 chevaux), c'était pénible pour les chevaux. Ils étaient deux par deux, à tirer la charrue pour les raies. Ils passaient une seule fois dans la même raie, en se suivant, vous comprenez.... c'était long.... maintenant y'a les tracteurs... On se prêtait les chevaux, on les rendait en journées : c'était pas rien ! C'était au mois d'avril... mois de mai....
AP - Est-ce que vous aviez des oliviers chez vous ? RG - Un petit verger. On faisait de l'huile ; on les apportait au moulin d'huile AP - Est ce qu'elle était bonne ? RG - Oui, elle était assez bonne; on l'apportait à Aix ou à Auriol AP - Jusqu'à Auriol ! RG - Quand il y a eu les camionnettes, nous ne sommes plus allés à Auriol avec les chevaux AP - Et avant les camionnettes ? RG - On les apportait rue Fernand Dol ; il y avait un moulin à gauche en descendant. Il ne doit plus y avoir de moulin maintenant. Il y en avait à Coudoux ; c'est le pays des olives, là-bas. Auriol aussi.
Q - A Beaurecueil, y avait-il d'autres métiers que blanchisseuse et cultivateur ?
R - Oui, oui... le curé faisait aussi le Tholonet... y'en a eu un je crois.... des bûcherons, beaucoup, beaucoup : des Italiens, en général... des durs, durs, comme mes parents... Des Italiens...
Q - Pas de boulanger ?
R - Non, on nous portait le pain du Pont de Bayeux, il passait avec le cheval, avec un "Boguet" : une sorte de charrette. Y'en avait deux, de boulangers : Palette et Pont de Bayeux. Y'avait le boucher aussi qui venait du Plan de Meyreuil, avec le cheval aussi je me rappelle...
Q - Vous baigniez-vous ?
R - Oui, au Bayon, mais c'était pas profond...
Q - Que mangiez-vous le plus souvent ?
R - Ma foi, des légumes... de la viande aussi...
Q - Quel genre de légumes ?
R - Des haricots, des pois chiches... des haricots verts au temps des haricots verts... des pâtes... ma foi.... des salades.... les haricots c'est bon : avec de l'huile d'olive dessus... des épinards, des omelettes, des pommes de terre, souvent des soupes de légumes... ça fait du bien la soupe, ça désaltère quand on a beaucoup soif. Mais si on en boit beaucoup on n'a plus faim après, parce que ça désaltère et quand on boit beaucoup, après, on n'a plus l'appétit...
Q - Donc la soupe était réservée au soir ?
R - Ho! ... à midi aussi.
Q - A quoi servaient ces fontaines ?
R - Pour les cochons (une barrique de 150 l qu'on tirait à bras -elle était sur roues-). Maintenant ces barriques sont des antiquités. Pour boire aussi, y'en a qui n'avaient pas de puits.
   
Q - Aviez-vous l'eau chez vous ?
R - Oh non ! On allait chercher l'eau au puits, mais les chevaux, ils nous vidaient vite les deux seaux... On a mis l'eau vers 1908, mais pas dans les maisons : aux fontaines. A l'école y'avait aussi une fontaine, y'en a une aussi à l'Eglise, puis sur St Antonin, vers Roques Hautes et en face le Relais Ste Victoire (passé le pont : à gauche).
Q - Que faisiez-vous dans les champs ?
R - Dans les champs ? On faisait des melons, des ails, du blé, l'orge... Quand on faisait les melons, l'année d'après on faisait du blé. On a fait les artichauts quand il y a eu l'eau, autrement on faisait pas les artichauts.
Q - A partir de quelle époque les artichauts ?
R - Quand il y a eu l'eau du canal.
Q - Mettiez-vous des habits spéciaux pour les fêtes ?
R - Non, on s'habillait le dimanche surtout. On servait la messe... Moi je l'ai servie la messe... on était deux enfants de choeur, on avait la robe rouge, on apprenait la messe et on répondait en latin au curé qui posait des questions, on sonnait la clochette (pas la grande cloche qui sonnait l'heure de la messe, ça c'est autre chose encore).... Maintenant les filles servent d'enfant de choeur aussi... avant c'étaient que les garçons.
RG - Avant, on n'avait pas l'électricité; on s'éclairait avec la lampe à pétrole. Je me rappelle de la lampe à huile, mais je ne m'en suis jamais servi. On éclairait avec la lampe à pétrole, mais on n'y voyait guère dans les coins.
AP - Ca fait une jolie lumière.
RG - On la mettait sur la table. Nous n'avons eu l'électricité que vers 1928. Ca a été beau, quand il y a eu l'électricité.

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