Ecole de Beaurecueil
L'école autrefois

Origine de l'école de Beaurecueil : texte de 1884 trouvé à la Mairie et recopié par Julie:

L'an mil huit cent quatre-vingt-quatre le 6 Avril, le conseil municipal s'est réuni en vertu de l'autorisation de monsieur le Sous-Préfet Monsieur le Maire expose au conseil que la maison d'école est terminée et qu'on pourra l'occuper après les vacances de Pâques.

- Le projet prévoit la construction de préaux dans les cours. L'installation de ces hangars couverts ne lui paraît pas d'une absolue nécessité: En effet, le nombre des enfants qui fréquentent l'école est si restreint qu'ils trouveront toujours un abri en cas de mauvais temps dans la salle de classe qui est très vaste. Toutefois la suppression de ces préaux ne peut être ordonnée qu'après approbation de M. le Préfet, il y aurait lieu de la demander. Dans le cas où l'autorité supérieure ne donnerait pas un avis favorable à cette suppression, il vous propose de demander alors l'autorisation d'établir les préaux au fond des cours sur la façade sud au lieu de les construire à la place qui leur a été assignée sur le plan. Les auteurs du projet en les prévoyant sur la façade nord ont eu pour objectif de garantir les cours du vent qui domine généralement dans la région, qui est le mistral. Mais, par la position exceptionnelle du bâtiment, qui est abrité contre les vents du nord par les collines voisines et par le rideau d'arbres touffus du parc du pénitencier, ce n'est pas du mistral qu'il s'agit de se garantir; mais du vent d'Est, qui souvent souffle en tempête à Beaurecueil.

Dans ces conditions, pour faire face à cette dépense, veuillez Messieurs, prendre connaissance du projet que j'ai l' honneur de vous soumettre et délibérer sur la suite qu' il convient de lui donner.

TENUE VESTIMENTAIRE

Q - Qu'aviez-vous quand vous alliez à l'école ?
R - J'avais les pantalons courts, les bas : on portait les bas... On n'avait pas les chaussettes, encore... ou rare, quoi... on avait les jambes nues de là à là. Quand y'avait des chaussettes, on mettait les jarretières pour qu'elles ne tombent pas. On mettait la chaussette, le bas et on mettait la jarretière, un élastique là... On avait la blouse aussi.... la blouse noire ! Tout le monde a eu la blouse, on avait le ceinturon... avec la bouclette.
Q - La blouse était longue ?
R - Un peu longue oui, oui, à peu près au dessous du genou... On se la boutonnait ou par côté, ou devant.
Q - Et sur la tête ?
R - Casquette ou béret. Surtout béret.
Q - Et aux pieds ?
R - Des souliers... souliers noirs... mais de bons souliers parce qu'on venait à pied et de loin...
Q - Comment les enfants étaient-ils habillés ?
R - Ils avaient la pèlerine ; ils mettaient les mains dessous parce qu'il faisait froid. Ils avaient des gants, mais ils avaient froid aux mains.

L'ECOLE

Q - L'école était ici, à Beaurecueil ?
R- Oui, depuis 1884, elle était là où elle est maintenant. ils venaient de loin, c'était pénible. Il n'y avait pas de cantine. Ils dînaient sous le préau ; quand il faisait très mauvais temps, ils dînaient dans l'école, mais c'était rare. Le soir, il faisait vite nuit, alors, ils partaient à la récréation.
Ceux qui venaient des Barres, on les faisait partir à la récréation. ils venaient de Saint Antonin ; il n'y avait pas d'école à Saint Antonin

Q - L'école était mixte ?
R - On était séparés dans la cour : les garçons d'un côté, les filles de l'autre. C'était la même école mais on se taquinait, alors on les a séparés : et les filles d'un côté, et les garçons de l'autre. En haut, c'était la cour des filles.
Q - Est-ce qu'il y avait le platane ?
R - Non, non, non y'avait pas le platane.

Q - Est-ce qu'il y avait une maternelle ?
R - Non.... Mais on a toujours eu des institutrices... jamais de maîtres... des jeunes filles en général. Y'a qu'une fois on a eu deux dames... mais elles changeaient toutes les années. Souvent c'étaient des débutantes. Elles avaient du courage, elles couchaient seules, là, dans cet établissement. Elles habitaient à l'école. Y'en a que des fois elles avaient leurs parents... mais rare...

Q - Faisiez-vous du sport à l'école ?
R - Un peu, un petit peu oui, on faisait les séances de gymnastique dans la cour de l'école.
Q - Est-ce que parfois vous alliez dans le champ, à côté ?
R - Pas souvent non. On sortait pas de l'école.
Q - Est-ce que c'était tous les jours, les séances ?
R - Non, un peu, de temps en temps.
Q - Faisiez-vous des sorties lointaines avec l'école ?
R - Non, non.

Q - Est-ce que vous alliez à l'école comme maintenant le lundi, mardi, jeudi... ?
R - Ah non, le jeudi on avait les vacances, et le dimanche aussi. On y allait le lundi, le mardi, le mercredi, le vendredi et le samedi.
Q - Le samedi toute la journée ?
R - Ah oui, oui.
Q - A quelle heure rentriez-vous à l'école ?
R - Huit heures et demie.
Q - Qu'est-ce que vous utilisiez : crayons, gommes... ?
R - On avait l'encrier avec la plume. On trempait la plume dans l'encrier.
Q - Comment est-ce que ça se passait la distribution de l'encre ?
R - Hé bien, l'institutrice faisait un litre d'encre qu'elle mettait dans les encriers. Quand il y en avait plus on faisait encore un litre d'encre avec de l'eau et de la poudre.
Q - A quelle heure étaient vos récréations ?
R - Oh comme maintenant.

Q - Combien d'étages y'avait dans l'école ?
R - Un. Après y'avait les appartements de l'institutrice, en dessus.
Q - Qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?
R - Les bancs... On avait le bureau un peu penché, assis deux par deux.
Q - Aviez-vous des cases ?
R - Ah! Oui, oui, dessous on avait des choses oui, pour mettre les livres.
Q - Aviez-vous quelqu'un qui aidait la maîtresse ?
R - Non.
Q - Est-ce que les tableaux existaient ?
R - Oui, ils étaient noirs.
Q - Combien d'élèves y avait-il ?
R - Hé! quinze à vingt... maintenant vous êtes plus nombreux.
Q - Est-ce qu'on prenait les tout petits dans la même classe ?
R - Ha oui! C'était tous ensemble, les garçons et les filles et des petits aussi oui, oui, oui...

Q - Aviez-vous des punitions ?
R - Des punitions ??? Oh oui, oui... On avait des lignes à faire... On devait pas parler en classe, des choses comme ça... fallait faire cinquante fois.

(Un élève au piquet creuse le mur avec ses chaussures à clous)

Un élève réplique : Moi j'ai eu vingt fois à écrire : "je ne grave pas mon nom sur les chaises"
Q - Est-ce qu'en classe on avait le droit d'apporter des médicaments ?
R - Non, pas trop ... pas trop.

Q - Est-ce qu'on allait au piquet ?
R - Ha oui, oui, les bavards ils y allaient au piquet.
Q - Est-ce qu'il y avait un bonnet d'âne ?
R - Ha oui, oui... C'était avec un papier et de grosses oreilles. On l'avait quand on était désagréable.
Q - Quand vous étiez désagréable ou quand vous aviez des mauvaises notes ?
R - Non, plutôt quand on était désagréable.

Q - Pour les punitions, qu'est-ce qu'il y avait encore, est-ce qu'on pouvait vous taper ?
R - Ha non. De mon temps non.
Q - Et aller à genoux ?
R - Non.
Q - Est-ce que les ordinateurs existaient ?
R - Ah, non, non : non.

Q - Où était la cantine ?
R - La cantine ? Y'avait pas de cantine. On mangeait sous le préau. Les filles apportaient leur manger dans le panier et les garçons dans la musette.
Q - Est-ce que c'était un repas froid ?
R - Un repas froid oui.
Q - Des sandwichs ?
R - Oh! Moi j'y allais pas souvent, à la cantine, j'étais près, mais enfin : des omelettes des fois. Ceux qui étaient pas loin rentraient chez eux, mais ceux de Pont de Bayeux par exemple, restaient.

Q - Quand vous aviez du travail à finir, est-ce que vous restiez encore en classe ?
R - Non, on restait encore après l'école quand on n'était pas sages.

- Nous avons parlé tout à l'heure de l'école : on allumait le feu avec du charbon. Pour faire prendre le charbon c'était long ; il fallait du petit bois intermédiaire, on allait en chercher dans la colline.
Q - C'était les enfants qui allaient chercher le petit bois?
RG - Oui, avec l'institutrice. il y avait des blocs de charbon, il fallait les casser. Ca ne s'allume pas comme ça, le charbon Mais l'école était grande ; il ne faisait pas trop chaud.
Q - Aviez-vous un poêle ?
R - Oui. On mettait du charbon dedans. C'était la maîtresse qui l'allumait mais des fois c'étaient les élèves : on le faisait prendre avec du petit bois, après on mettait le charbon.

Q - Le petit bois, c'étaient les élèves qui l'achetaient ?
R - On allait le chercher dans la colline : du bois sec, dans une demi-journée qu'on prenait.
Q - Y'avait pas des élèves qui se brûlaient ?
R - Oh, non... mais des fois il fumait : on avait beaucoup de fumée dans la classe.

Q - Est-ce qu'à la fin de l'année y'avait des spectacles par exemple avec les cerceaux... ?R - Non, pas de spectacle : c'était la distribution des prix.
Q - Qu'y avait-il comme prix ?
R - Eh bien y'avait plusieurs prix bien entendu... des prix assez importants.
Q - C'était tout le monde ?
R - Oui, tout le monde... pour le premier, ... prix de calcul...
Q - Des prix de politesse aussi ?
R - Oui.

Q - Est-ce que l'école a déjà pris feu ?
R - Non... non.
Q - Votre mère allait où à l'école ?
R - Dans un local que la mairie louait : c'étaient des soeurs qui faisaient l'école... c'étaient des religieuses. (Avant 1884)
Q - Est-ce qu'il y avait des remplaçantes quand la maîtresse était malade ?
R - Oui.
Q - Si vous oubliiez votre matériel (crayon...) est-ce que la maîtresse prêtait ?
R - Oui.
Q - Quelle était votre matière préférée ?
R - La grammaire.
Q - Est-ce que vous étudiiez aussi l'histoire, la géographie ?
R - Oui, oui.

Q - Est-ce que vous avez un bon souvenir de l'école ?
R - Oui, oui, parce que... on est jeune : c'est toujours des bons souvenirs !
Q - Est-ce que vous pouvez nous dire les leçons que vous aviez bien aimées... ?
R - Les récitations... Et la morale : on nous faisait la morale le matin. L'après-midi on avait des chants...

Q - Est-ce que vous pouvez raconter les bêtises que faisaient certains élèves ?
R - Ah ! ... Des fois on les foutait dehors, et ils venaient faire les guignols sous la fenêtre. Mais ça c'étaient les méchants, les durs... On était sages, nous...

Q - Comment étaient les toilettes ?
R - Y'en avait pas, presque, de toilettes... C'était au fond de la cour...
Q - Apportiez-vous des jouets à l'école ?
R - Non.

Q - Est-ce qu'il y avait des contrôles ?
R - Les inspecteurs, ils descendaient en vélo quelquefois. Ils n'avertissaient pas quand ils venaient... Mais alors tout le monde était sage là !!! Ils nous questionnaient un peu.
Q - Quand quelqu'un entrait dans l'école, est-ce que c'est vrai qu'on se mettait debout ?
R - Oui, oui, oui... on se mettait debout.
Q - Y'avait-il des notes ?
R - Oui, on faisait des compositions, des dictées...

Q - Comment étaient les cartables ?
R - Oh! A peu près comme maintenant.

Q - Que faisiez-vous dans la cour ?
R - Oh, on jouait à s'attraper, au foot des fois. Et les filles à la marelle, à la corde à sauter, au rondo : on se tient par la main et on tourne... On jouait aux billes.

Q - A quel âge êtes-vous parti de l'école ? Y'avait-il un diplôme à la fin ?
R - A 13 ans, y'avait pas de diplôme. Y'avait trois classes : cours préparatoire, cours moyen et cours élémentaire.
Q - Et après l'école de Beaurecueil ?
R - Oh! C'était trop loin, alors on faisait plus d'études... Ou que très peu... Y'avait pas de ramassage alors... Après, on allait travailler... aux champs en général et les filles c'étaient plutôt les blanchisseuses.
Q - Aviez-vous plusieurs professeurs ?
R - Non : un par an.
Q - Comment jouiez-vous aux billes ?
R - Oh! Avec un trou et on envoyait les billes dedans, comme maintenant...

Voici quelques photos de classe

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